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Vers la fin de la culpabilité ?

Dernière mise à jour : 18 août 2021



Selon les dernières recherches en systémie, nous pouvons remarquer que nous nous dirigeons vers la fin de la culpabilité « [les adolescents d’aujourd’hui] ignorent tout du sentiment de culpabilité. Leurs parents s’épuisent à tenter d’éveiller en eux des sentiments tels que le remords, la honte, le repentir, la culpabilité, pour les actes excessifs qu’ils on pu commettre… en pure perte. » (Gaillard, 2006).


Également, autre particularité partagée par tous ces ados : « l’absorption de l’espace du désir par celui du besoin. » (Gaillard, 2006). Chez eux, rien ne semble être un souhait. Ce qui leur manque doit être obtenu à quelque prix que ce soit et, dans la course à l’obtention de l’objet du besoin (une sortie, un portable, un scooter, etc.), aucun interdit parental ne les arrête ; ils peuvent même, si un parent dépassé tente de faire barrage avec son corps, se montrer physiquement violents.


L’attente ne semble pas entrer dans leurs catégories de pensée, bien qu’ils soient intelligents et capables de longs discours. Les injonctions à surseoir, à attendre, à admettre un compromis semblent être à leurs yeux des « incongruités, totalement hors de propos » (Gaillard, 2006). Devant une exigence à surseoir, ils se mettent dans des états de colère et de désespoir d’une intensité extrême, jusqu’à ce que l’un ou l’autre des parents qui, lui, connaît bien le sentiment de culpabilité, cède.



Cela nous amène à penser cette question : allons-nous vers la disparition des espaces réflexifs? Autre remarque récurrente : ces jeunes gens ne montrent, malgré leur intelligence générale et leurs capacités discursives, aucune compétence en termes de réflexivité, en termes de retournement de leur réflexion sur eux-mêmes, en termes de capacité à réfléchir à propos de leurs actes, après comme avant avoir agi. « C’est normal, puisque j’en ai besoin ! »



Ils permettent ainsi une hypothèse à la fois intéressante et inquiétante : réflexivité et culpabilité seraient les parties composantes d’un seul et même système psychique ou un seul et même système cognitivo-émotionnel. Donc, quand pas de culpabilité, pas d’espace réflexif et réciproquement : le corollaire étant que tout problème, toute anicroche, tout dysfonctionnement est nécessairement rapporté à un extérieur fautif. En revanche, bien sûr, ce qui a marché est immédiatement classé par eux comme relevant des seuls effets de leurs actions, parfois au plus grand mépris des contributions décisives d’un autre.


La dilution du couple culpabilité-réflexivité entraîne, nous le voyons ici, un remaniement logique extrêmement important :

l’univers logique dessiné en occident depuis 2000 ans environ, très puissamment fondé sur la logique de culpabilité par principe (à ce propos, qu’est le péché originel ?), c'est-à-dire sur la logique de l’interdit transgressé (la pomme du paradis terrestre), «autour de laquelle ont tourné et se sont développé d’autres logiques compatibles telle que, en particulier, la réflexivité et le désir, cet univers logique est en train, sous nos yeux et à travers nous, de changer.»(Gaillard, 2006).


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